Cette émission fait partie de la 2e année de la série Sür un siess.
Elle porte le n° 46 et fut diffusée le 17 octobre 1996.
Elle fut enregistrée le 30 septembre 1996.
Je n’oublierai jamais cette date et l’effort que je dus faire ce jour-là pour surmonter le chagrin qui me broyait : Maman avait été enterrée quinze jours plus tôt. Je me demandais comment je parviendrai à m’exposer devant les caméras.
J’aimais Ria, je lui vouais une réelle tendresse et je ne voulais pas que mon chagrin soit un poids pour elle.
Il y eut ce jour là un couac dans le planning des maquilleuses : aucune n’était programmée. Nous avons dû en appeler une d’urgence, ce qui a retardé l’enregistrement de l’émission.
Dans le bureau du directeur de France 3 Alsace, (Jean-Louis English en ce temps-là) se trouvait un écran sur lequel le directeur recevait les images-retour de ce qui se déroulait sur le plateau du studio d’enregistrement.
J’ai su par la suite, par une personne qui se trouvait dans le bureau avec lui, que le directeur craignait, au vu de mon visage défait, non maquillé, que je n’aurai pas la force de faire l’émission.
Je fus maquillée. Les lumières furent allumées. Le réalisateur Alfred Elter a dit : « Moteur ».
J’ai fait le vide en moi. Et le miracle a opéré : la vie a repris le dessus.
Hubert savait mon désarroi. Il eut l’attitude juste. Il fut chic avec moi. C’est ce que j’ai pensé en revisionnant l’émission 22 ans plus tard.
Ria avait 85 ans lorsque nous avons tourné l’émission. Elle travaillait toujours encore. Dans la rue du Dôme, à l’ombre de la cathédrale qu’elle aimait par dessus tout, elle dirigeait une maison d’art. Doreur sur bois et marchand d’art, cette passionnée d‘anges née en 1911 dirigeait l’atelier de dorure paternel qu’elle avait repris dans les années 30. Elle fut la première femme en France à exercer le métier de doreur sur bois.
Férue en art, elle disait qu’elle se laissait simplement portée par “l’attirance du beau”. Elle ne fixait pas de limite à ses passions, qui allaient de Brueghel à Rembrandt, en passant par ses “Alsaciens chéris” (Kamm, Stoskopf, Haug), sans oublier Gustav Klimt et Claude Lapointe.
Parallèlement à l’art et à la dorure sur bois, elle développa sa passion de la natation et devint championne de dos crawlé et de brasse dans les années 30 – 40.
Créatrice des Ballets Nautiques de Strasbourg, elle les a accompagnés dans le monde pour y faire démonstration de cet art et pour assouvir sa passion des voyages. Elle avait fait deux fois le tour du monde, se rendait rituellement à Florence pour passer commande de cadres auprès des sculpteurs toscans.
Réputées pour l’organisation de fêtes grandioses, elle aimait le champagne et trouvait qu’il savait s’allier à tous les mets : même aux pommes de terre farcies, d’gfìllte Grumbeere, ce plat rustique qui lui rappelait avec tendresse sa “petite Maman”, prénommée Rose et originaire de Belgique.
Je me souviens que Ria avait subjuguée l’équipe par sa fraîcheur et sa gentillesse.
Monique Seemann qui avait réalisé son portrait pour Rund Um avec Jean-Claude Durmeyer m’a dit à quelques reprises combien ce tournage l’avait marquée.
Ria est morte à 102 ans, le 11 novembre 2013, sept ans après cette émission conservée par l’INA
Visionnez un extrait de l’émission Sür un Siess consacrée à Ria Gerner par ce lien de l’INA