Je ne pensais pas trouver la neige. En grimpant vers la grotte du Brotsch, imposant massif de grès sur les hauteurs de Saverne, je me trouvais soudain dans la blancheur. Un peu de soleil l’aurait rendue éblouissante. Le temps était gris. Cela me convenait : trop de lumière aurait rompu le charme.
La neige avait posé ses pincées ouatées sur les plants de myrtilles. La couche n’était pas très épaisse. Elle permettait aux plants de myrtilles de dresser leurs tiges comme de petits sémaphores. Les tiges avaient encore des semaines d’hiver à passer avant le printemps. Et pourtant leurs bras frêles contiennent déjà les feuilles à naître qui se dérouleront comme de minuscules langues. Elles contiennent déjà les fleurs et les baies futures.
La nature est en avancée constante même lorsqu’elle semble figée. Elle contient les atours à naître et saura choisir l’heure juste pour les déployer. La nature assure sa survie. Nous faisons de même, mais nous sommes incapables de produire son silence et sa perfection. Est-ce le silence qui engendre la perfection ? Ou la perfection qui engendre le silence ? Ces questions tournoyaient dans ma tête lorsque je repris la marche, ravie d’avoir saisi cette image de froidure.