Lorsque l’automne s’installe, les noix tombent. Il faut alors les sécher avant de les ranger pour l’hiver, en parfumer les gâteaux, les savourer avec ce mets frugal savoureux entre tous : du pain et des pommes.
A partir de la Toussaint, il sera permis de les glaner. Le glanage est en général autorisé après le premier novembre mais la réglementation change selon les départements. L’idéal sera donc de vérifier avant de vous hasarder.
Le droit de glaner est basé sur un édit royal du 2 novembre 1554 qui stipule ceci : « Le droit de glaner est autorisé aux pauvres, aux malheureux, aux gens défavorisés, aux personnes âgées, aux estropiés, aux petits enfants. Sur le terrain d’autrui, il ne peut s’exercer qu’après enlèvement de la récolte, et avec la main, sans l’aide d’aucun outil ».
Agnès Varda a réalisé en 2000 un documentaire passionnant qui s’appelle « Les Glaneurs et la Glaneuse ».
Glaner, ce joli verbe, se traduit en alsacien par rìtzle.
La linguiste Danièle Crevenat-Werner m’a précisé que glaner se dit aussi etzne ou speile.
Nous avons pris plaisir à évoquer d’autres termes liés aux noix :
– schwìnge :gauler
– e Schwìnggert : une gaule
– d’Helschet : la coque
Si vous observez une noix, vous verrez qu’elle est divisée en son intérieur par une membrane ligneuse. Celle-ci porte le nom curieux de « zeste ».
Elle porte en alsacien deux termes qui tomberont dans l’oubli si nous les faisons pas fleurir :
Il a le terme Nùsssàttel qui signifie la selle de la noix, parfois aussi on l’appelle Nùsskritzel, ce qui signifie la petite croix de la noix, car cette membrane ligneuse est en forme de croix.
Je me souviens que mes parents désignait cette membrane par le terme Gigerigi. Cette onomatopée est en fait la traduction du cocorico français. Pourquoi Gigerigi ? Peut-être parce que cette membrane ligneuse de la noix ressemble à une crête de coq.
Je me souviens aussi des demi-coques de noix vidées qui devenaient des barques que nous faisions caboter dans une cuvette d’eau.
Qui se souvient encore du jeu ‘s Nùssespiele auxquels jouaient les garçons, sorte de jeu de billes dont une noix, la plus grosse, était la reine capable d’écraser les autres ?
Qui a t’il dans une noix ? se demande Charles Trénet dans une de ses chansons. Il y a un cerveau miniature, disait le cabarettiste haut-rhinois, Tony Troxler, qui raffolait des noix, qui rappelait qu’elles avaient beaucoup de vertus et qu’elles étaient idéales pour avoir « un cerveau sain dans un corps sain ».
A partir de septembre, célébrons la noix, apprécions-la avec un verre de vin nouveau, du pain, du fromage et du raisin. Savourons-là également en gâteaux ou en petits fours. Gardons-les au sec pour les écaler en prévision des Wihnàchtsbredle, les petits gâteaux de Noël.