Je me réjouis chaque année pour l’éclosion des magnolias. Leur floraison est si brève.
Ils éclairent de rose nacrée la place de la République, de Kaiserplàtz, à Strasbourg.
Ces magnolias font une haie d’honneur à la cathédrale.
La vue est unique, toujours aussi bouleversante, avec au premier plan le monument aux morts du sculpteur Léon-Ernest Drivier (que le président de la république Albert Lebrun inaugura en 1936). L’inscription est sobre : « A nos morts ». La sculpture est pacifiste, sans haine aucune. Elle montre une mère qui symbolise la ville qui tient sur ses genoux deux enfants mourants qui ont deux nationalités différentes : allemande et française.
Je m’inquiète chaque année pour eux. Leur floraison est si courte.
Ìhri Bliehjzit ìsch so kùrz.
Et il suffit d’un bref gel pour casser la floraison et rendre les pétales bruns, comme ébouillantés par le froid.
Leurs coques d’opaline s’ouvrent en une nuit.
Savez-vous que ces fleurs sont comestibles ? Je prévoyais il y a quelques années de faire paraître un livre sur les fleurs comestibles (après celui sur les plantes sauvages intitulé, La cuisine naturelle des plantes d’Alsace).
Le magnolia a un goût de résineux et une amertume assez forte (plus forte que celle des endives belges) qui s’atténue à la cuisson. Certains utilisent leurs pétales en forme de vasques pour en faire des beignets.
Je me contente de les admirer, de les immortaliser par quelques photos.
Les magnolias insufflent de l’espoir.
Ils rappellent, au sortir de l’hiver, que de telles beautés, sont possibles. A chaque printemps, je les redécouvre avec une émotion intacte, comme si c’était la première fois.