J’aime me souvenir du temps des mouchoirs, du temps où les hommes, comme les femmes, mettaient la main dans la poche pour extirper un mouchoir dont ils saisissaient un coin, entre le pouce et l’index pour le déplier, en une secousse légère, du haut vers le bas, pour se moucher, avant de faire un mouvement rond pour le ramener en boule et le reglisser dans la poche.
Ce mouchoir est celui de ma mère, c’est un mouchoir de travail, à carreaux blancs et violets.
Nastüech, le mouchoir, signifie en traduction littérale : le tissu du nez
La peau aime le contact avec le tissu des mouchoirs.
Je me souviens des étés chauds, dans les champs, où mes tantes sarclaient les champs de pommes de terre ou de betterave, ratissaient les épis de blés oubliés. Elles s’interrompaient dans leur tâche pour passer leur mouchoir sur leur visage et leur nuque en sueur.
Mon père utilisait les mêmes mouchoirs, en semaine, pour ces jours travaillés, que l’on nomme àm Waarti (en allemand am Werktag).
Le dimanche, le mouchoir était blanc et, en étamine, en baptiste ou en coton, revêtait une allure noble.
Il étati décoré, pour les femmes, par une dentelle fine, faite au crochet ou en frivolité, à l’aide d’une navette, qui encadrait son périmètre.
Le mouchoir en papier a détrôné le mouchoir en tissu depuis belle lurette.
Les maisons de mouchoir réputées ont fait faillite.
J’aime ressortir de temps en temps un mouchoir en tissu, le glisser dans mon sac à main ou dans la poche du manteau, sentir à mes doigts le contact avec cette texture agréable à la peau.
Le mouchoir ne fait pas qu’aspirer la sueur ou la morve, il apporte aussi par son contact de tissu propre, repassé, une douceur qui installe une bienveillance dans l’instant.
Et qui a par conséquent un pouvoir d’instiller à la journée une onde positive.
Le mouchoir vous a inspirés.
Merci pour vos nombreux commentaires sur ma Page Facebook, dont vous retrouverez certains ci-après :
Marie-Christine Vitrebert : Lorsque j’étais enfant, je brodais. J’ai gardé ces mouchoirs précieusement, ainsi que tous les napperons et autres torchons brodés. Ma maman a toujours les siens, ceux de ma grand-mère, et de mon arrière-grand-mère, des souvenirs précieux, un autre siècle, le temps du bonheur, où tout était plus difficile mais si simple.
Mireille Horsinga-Renno : J’utilise toujours des mouchoirs en tissu ; les mouchoirs en papier ne sont pas solides. Ma grand-mère y mettait une goutte d’eau de Cologne.
Viviane Rauch : Quand j’étais petite je voulais aider ma maman à repasser et c’est les mouchoirs qu’elle me donnait alors.
Daniel Schaeffer : J’ai retrouvé ce mot que j’avais oublié jusqu’à son sens. C’était tellement naturel d’utiliser ce terme que je n’avais jamais traduit dans ma tête : tissus ou serviette de nez…je me rappelle aussi que certains auraient dû en changer plus souvent tellement le tissus était gras. Cependant c’était certainement plus écologique…
Danièle Brandner : Il m’en reste quelques uns de mon père, je m’en sers pour les lunettes, qui aiment le fin tissu!
Je me souviens aussi de ma grand mère qui mettait un peu d’eau de Cologne sur son Nastüchel le dimanche, avant de le mettre dans son sac à main…
Françoise Machebeuf : Mon mari et mon fils n’utilisent que des mouchoirs tissus, moi aussi le plus souvent.
Marc Eckert Rien ne vaut les bons vieux mouchoirs. Que d’arbres sacrifiés juste pour se moucher alors que les mouchoirs en tissu sont réutilisables à l’infini…
Patrick Hilbert : c’est la question de chaque maman à son petit quand il part : « as -tu un mouchoir propre ? » Un des alles fur a Rutznas😍
Nady Baye A 91 ans passés, Maman utilisait toujours les mouchoirs en tissu que je prenais peine à repasser soigneusement… 💞
Vous m’avez fait sourire avec des termes imagés, souvent oubliés, de la langue alsacienne pour désigner le mouchoir, par exemple Rotzlumpe (chiffon à morve) ou Rotzfahne (drapeau à morve). De Rotz, mot masculin, identique en allemand, désigne la morve. Il existe un autre mot alsacien, pour désigner la morve : le mot Schnùdl.