Le jour de la Saint-Etienne, le 26 décembre, se nomme « Steffesdaa » en alsacien.
Les Allemands le désignent sous le mot Stephanitag ou Stephanstag.
Stephan correspond en allemand au prénom Etienne.
Saint-Etienne est synonyme pour beaucoup de lendemain de Noël et de retour au travail.
Sauf pour les Alsaciens et les Mosellans : ce jour reste férié dans le Haut-Rhin, le Bas-Rhin et la Moselle.
Il est aussi férié dans l’espace rhénan, en Allemagne, notamment dans les régions catholiques et en Autriche.
Dans ces régions, on l’appelle der zweite Weihnachtstag, ce qui signifie « le 2e jour de Noël ».
Il existe un dicton célèbre qui dit « Steffesdaa, Bìndelesdaa« , ce qui signifie « Saint-Etienne, jour de baluchon ».
Le mot Bìndele correspond en allemand au mot neutre Bündel, qui signifie baluchon.
Pourquoi le « jour du baluchon » était-il fixé au 26 décembre ? C’était la survivance d’un temps où l’an neuf commençait à la St-Etienne.
Steffestag était le premier jour ouvrable de l’année et correspondait au jour où l’on changeait dans les fermes les valets, les servantes et les domestiques, une pratique qui avait cours en Alsace jusque dans les années 1920.
Le changement de lieu de ferme pouvait être initié par le valet, insatisfait de son maître, ou inversement.
Il arrivait que le lieu de travail change chaque année, comme l’atteste ce diction :
E Knecht,
e Magd,
ùn e Stròhhüt,
sin nùmme
fer e Johr güt
(un domestique, une servante et un chapeau de paille ne sont performants que le temps d’une année).
Une des foires annuelles aux domestiques célèbres est celles de Bouxwiller dans le pays de Hanau. Elle a été immortalisée par un tableau de Charles-François Marchal, un peintre parisien qui réalisa en 1863 cette peinture à l’huile qui lui fut commandée par Napoléon III.
Ce tableau, qui montre la beauté des jeunes filles, qui portent leurs plus beaux habits pour plaire à l’employeur futur, est bouleversant, car on voit combien les maîtres de fermes se comportent en touts-puissants, se permettant d’inspecter, de palper la jeune fille pour jauger son état.
Impossible d’imaginer une telle foire aux humains aujourd’hui.
Le tableau est propriété depuis 1948 du Musée du Pays de Hanau à Bouxwiller où il est exposé.
Saint-Etienne est un jour férié depuis le 5e siècle. Qu’a fait cet homme pour être canonisé ? Ce martyr, présenté comme un homme empli de force et de grâce, faisait partie des 7 diacres qui, à Jérusalem, s’occupaient des pauvres, des veuves et des orphelins.
Cet évangéliste voulut étendre la foi chrétienne en Israël. Ses sermons trop ardents le menèrent au tribunal. Sa plaidoirie, (la plus longue de l’histoire des apôtres), n’a pas convaincu les juges qui le condamnèrent à la lapidation.
De nos jours, la Saint-Etienne est fêtée en famille. Elle permet souvent de visiter parents, grands-parents, familles et amis. On en profite pour distribuer les derniers cadeaux.
En Haute-Autriche, on confectionne un pain parfumé à l’anis ce jour-là qui porte le nom de Störibrot. Dans cette région, des jeunes gens se retrouvent aussi pour partager un verre au bistrot : pour rappeler la lapidation de Saint-Etienne, ils posent une pierre sur le comptoir du bistrotier.
En Carinthie et dans une partie de la Bavière, les chevaux sont promenés à travers le village puis ils sont bénis, avec une demande d’intercession de Saint Etienne pour qu’il les protège et leur apporte bonne santé.
En Angleterre on s’offre des cadeaux, on nomme la journée Boxing Day (box signifiant boîte) pour les cadeaux que l’on s’offre.
En Irlande, on nomme ce jour Lá an Dreoilín, ce qui signifie le jour du roitelet, ce petit oiseau nommé Zaunkönig ou Schneekönig en Allemagne et que les Alsaciens désignent sous le terme de Zünkeni, c’est à dire « le roi du grillage » (ou de la clôture).
Belle Saint-Etienne à vous !
Seeliger Steffesdàà !