Je vous présente un de mes gladiolus callianthus.
Ma soeur m’a offert au printemps, un sachet de leurs bulbes.
Gladiolus ?
Mais c’est le mot latin pour glaïeul.
La fleur ressemble au glaïeul mais, comme vous le voyez sur la photo, c’est un glaïeul épuré.
Et c’est l’ancêtre du glaïeul, de ce glaïeul que nous connaissons mieux, que nous cultivons dans nos jardins et qui apportent leur multitude de hampes colorées durant l’été. Et j’avoue que je le trouve élégant avec son coeur pourpre. Il n’a pas la raideur et le côté parfois jugé kitsch des glaïeuls issus de l’horticulture hollandaise.
Ce glaïeul porte un joli nom : le glaïeul d’Abyssinie. Il vient de la corne de l’Afrique, d’une région située au nord de l’ Éthiopie. C’est là que se trouve cette région au joli nom d’Abyssinie..
Cette espèce botanique est l’un des ancêtres de nos glaïeuls actuels. Respect donc, gladiolus callianthus.
J’ai mis les bulbes en terre en avril (sur le sachet il était précisé « entre mars et et mai »), à 10 cm de profondeur.
Et puis j’ai attendu.
Les feuilles furent lentes à sortir de la terre, en jolis glaives d’un vert juteux et rassérénants, qui fait du bien au regard.
Gladiolus veut dire glaive en latin et je suppose que c’est en raison de ses feuilles en forme de glaive. Ces épées vertes ne blesseront personne. Leur contact de feuilles fibreuses et agréables.
Et puis les feuilles sont arrivées. Comme pour les glaïeuls, elles devinrent assez hautes, comme de petites girafes qui s’étalent lorsque le vent est violent. Les feuilles ont résisté aux intempéries. Parfois elles se mettaient à l’horizontal, mais cela permettait aux gouttes de pluies de se poser sur elles et créer un effet de cristal.
Ce qui me troubla, c’est que les feuilles restaient entre elles pendant des mois : pas une seule fleur n’est apparue. Renseignement pris, ce glaïeul d’Abyssinie est tardif et parfume les jardins lorsque les glaïeuls ont cessé de fleurir, à partir de la mi aout ou de la fin août.
En septembre, mes glaïeuls d’Abyssinie ne montrèrent aucune vélléité de fleurissement.
Début octobre, je me suis dit qu’il me faudra déterrer les bulbes avant l’hiver (car les gladiolus ne sont que moyennement rustiques et n’aiment pas les grands froids).
La notice précisait qu’il fallait les déterrer quand le feuillage est fané, pour les conserver à l’abri dans un endroit aéré, frais et sec. L’ennui c’est que les gladiolus callianthus ont toujours des feuilles vertes, vigoureuses, qui ne se laissent nulle part infuser de jaune.
Vous imaginez ma surprise lorsque, à la mi-octobre, j’ai vu qu’une fleur avait éclos. Je l’ai photographiée. Une seconde fleur a suivi quelques jours plus tard. Les 10 autres gladiolus ne montrent pour l’instant que des feuilles.
D’arriver tardivement a du bon.
Comme le dit ce diction alsacien :
D’güete Gedànke, sowie d’làhme Gäns, kòmme làng hìnte nooch.
Ce qui signifie : Les belles pensées, comme les oies rhumatisantes, arrivent toujours tardivement.
Je ne sais si cela plaira aux glaïeuls d’Abyssinie d’être comparés à des oies fatiguées.
Gérer les susceptibilités des uns et des autres : on n’en aura jamais fait le tour.
Post scriptum :
Un ami horticulteur m’a informé que le glaïeul d’Abyssinie supporte le froid jusqu’à -5° mais qu’au-delà, il faut le déterrer et protéger ses bulbes. Il m’a recommandé de les sortir avant les premières gelées et de les conserver dans un endroit sec et hors gel.