Michel Ptakhine est psychiatre à Paris.
Voici la lettre qu’il m’a envoyée après la lecture de mon livre D’grien Schatt, L’ombre verte (ID L’Édition)
Chère Simone,
Très grande émotion et merci pour ce livre, pour ce travail de Mémoire.
Tu vois clair en ce siècle de l’instantané et du factuel et tu nous donnes à réfléchir dans ta recherche, ce travail de l’attachement aux valeurs humanistes et à leur défense dans la culture alsacienne et européenne.
Ce travail d’historicité est pour moi un antidote pour que la pensée ne s’affadisse pas. Et tu œuvres avec patience contre toutes ces normes administratives qui visent à la disparition du singulier. Ta curiosité donne du sens à « exister », en rappelant le passé, avec cette ombre de nostalgie, avec la force des affects au travers de tes mots pour ces choses de la vie, « d’autres vies passées ».
Tu proposes un remède par ton courage féroce en dénonçant l’effacement des traces voulues par des pouvoirs récents ! Tu l’exprimes avec ruse et malice à la recherche de l’objet : trouvons l’objet perdu et redonnons vie à la langue maternelle de la tendresse ayant intériorisé l’autorité paternelle…tout ça fout le camp, dans l’actuel de l’époque que nous vivons, et beaucoup ignorent le symbolique…
Alors comment faire pour retrouver la beauté de la poésie sans son lien à la Nature comme tu sais en parler et que ça nous parle tant !
D’éternels embrigadés, « encasernés » au service d’un État qui peut redevenir pur gestionnaire, parlant quantitatif au lieu de qualitatif, où le culturel s’impose par un langage unique avec ces effets de mode dans un prêt-à-porter d’une pauvreté des plus affligeante… aussi loin des êtres, OMBRES évanescentes loin des ancêtres… (Lénine proclamait qu’un peuple heureux n’a pas d’Histoire !)
Alors, c’est toujours et encore à reconstruire. Quel plaisir j’éprouve à ta littéralité, à ta recherche des archaïsmes et leur transformation, voir à un » exotisme » apparent des mots dans ses liens avec les choses de la vie et leur intrication affective…
Retour aux sources et retrouver la parole poétique à propos d’un NOYER qui pleure toutes les larmes de son tronc et ce surgissement de l’Histoire… Je te lis aussi comme un message testamentaire de l’ultime compagnonnage, d’une poète avec les ancêtres d’un temps passé, d’un temps oublié mais qui ne veut pas oublier ce temps-là…
Voilà un cri de liberté en ces temps de confinement de la pensée. Une présence au monde dans la diversité de tes émotions.
Merci pour ton livre qui m’a tant fait me retrouver mon temps passé.
Avec mes sentiments pleins de reconnaissance et ma fidèle affection,
Michel Ptakhine
D’grien Schatt, L’ombre verte (ID l’Édition)