Voici les premiers noms de la liste des Alsaciens et des Mosellans incorporés de force dans l’armée allemande et qui ne sont pas rentrés. La liste donne le vertige : elle comporte les noms de 14000 victimes dans la fleur de l’âge. Et encore, il ne s’agit là que d’1/3 des victimes de ce drame que l’Histoire occulte volontiers et pour lequel des suspicions récurrentes viennent toujours poindre le nez.
La République aurait un travail de mémoire à faire et gagnerait à sortir de ses dénis.
L’hebdomadaire l’Ami Hebdo, à l’initiative de Bernard Deck, a créé un site www.malgre-nous. Ce site est nourri par l’historien et écrivain Nicolas Mengus qui réalise là un exceptionnel travail de mémoire. Vous y trouverez cette liste, et d’autres listes (avec des photos notamment), ainsi que des portraits d’incorporés de force et des avis de recherche.
La quête continue et qui s’en étonnera ? Ceux qui considèrent qu’il s’agit là d’un passé dont il faudrait enfin tourner la page ne savent pas que l’adn de ces disparus coulent en nos veines car ils furent frères, pères, cousins de ceux dont nous sommes nés. Si nous sommes nés, c’est souvent parce que notre père, ou notre grand-père ne figure pas dans cette liste, ou qu’il y figure mais qu’un enfant était conçu au moment de sa mort.
La psychogénéalogie nous enseigne combien il est important d’avoir réglé son passé pour vivre correctement le présent et envisager sereinement le futur.
Pour accéder à cette liste des non-rentrés et aux autres, rendez-vous sur le site :
www.malgre-nous.eu
En complément de lecture, voici un extrait de mon livre « Pour l’amour d’un père » (Editions du Belvédère).
Nicolas Sarkozy a rendu hommage aux incorporés de force dont il a dit qu’ils furent « victimes d’un véritable crime de guerre ». C’était une première, en mai 2010, à Colmar, soixante-cinq ans après la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie en 1945. « À partir de 1942, les Alsaciens et Mosellans furent enrôlés de force dans l’armée allemande », a rappelé le Président. « On leur mit un uniforme qui n’était pas celui du pays vers lequel allaient leur cœur et leur fidélité. On les força à agir contre leur patrie, leur serment, leur conscience. » Il voulait réparer une injustice. « Les « Malgré-nous » ne furent pas des traîtres mais, au contraire, les victimes d’un véritable crime de guerre », a-t-il dit, en ajoutant, « au-delà des souffrances que l’Alsace a partagées avec tous les Français du fait de la guerre et de l’Occupation, il y a une souffrance terrible qu’elle est la seule, avec la Moselle, à avoir subie. »
Il expliqua que sur les 150 000 incorporés de force 30 000 sont morts – certains dans des camps de prisonniers russes – et que 10 000 ont été portés disparus. C’est « la pire des souffrances et la plus occultée », a-t-il ajouté. « Ceux qui n’ont rien fait pour empêcher cette ignominie perpétrée contre des citoyens français », a précisé l’ancien chef de l’État, « ont trahi les valeurs de la France, l’ont déshonorée. Vichy a trahi la France et l’a déshonorée. Il fallait qu’un président de la République vint un jour ici pour dire aux Français ce que fut le drame de l’Alsace et de la Moselle. »
L’hommage arrivait tardivement et au plan uniquement régional. Mais au moins il est venu. Tant de présidents ont laissé passer leur septennat, puis leur quinquennat, sans s’étonner de cette injustice sur laquelle a toujours été pratiqué le déni.