Enfant, je trouvais que rien n’égalait la beauté du cognassier du Japon.
Le seul qui existait au village était celui de la famille Bailly, nos voisins.
En hiver, je pensais que j’avais rêvé cette haie remplie de fleurs dès mars, et qu’ainsi dégarnie par le froid, elle ne pourrait refleurir. Lorsqu’au printemps, les fleurs éclosaient à nouveau, je leur trouvais tant de beauté que j’en éprouvais presque de la douleur. Je pensais que posséder une si belle haie était une vraie richesse.
Ma surprise fut grande lorsqu’à l’adolescence je vis que les voisins arrachèrent la haie de cognassier du Japon. Je trouvais cela criminel et aucune excuse ne trouvait grâce à mes yeux.
Bien plus tard, lorsque mes parents furent décédés et que leur maison me revint, je décidais de planter un cognassier du Japon dans un endroit du jardin resté vacant.
Je pouvais choisir entre diverses teintes, allant du blanc au rouge sang. Ma préférence va au rose, la teinte que portait le cognassier de nos voisins.Depuis, il refleurit chaque année en ces fleurs roses qui continuent à m’émouvoir.
En allemand on l’appelle Brennender Dornbusch, ce qui signifie le buisson épineux flamboyant. On le désigne aussi en allemand par le terme Schienquitte (le coing d’apparat). Les Anglais le nomment Quince (ce qui signifie le coing). En latin il s’appelle Chaenomeles Speciosa Eximia. Il fleurit de février à avril, il peut atteindre 3 m de haut et jusqu’à 2,5 m de large.
Petite, il m’arrivait de prélever en cachette une de ces fleurs roses adorées, d’observer ses étamines jaunes. J’aimais ensuite rouler ses étamines dans mes paumes et les meuler comme une semoule végétale. La texture, la sensation ressentie restent présentes, intactes, à ma mémoire.
Au Japon, le cognassier du Japon pousse, semble-til, à l’état sauvage. Cette raison me semble suffisante -bien qu’il y en ait d’autres- pour me rendre un jour dans ce pays.
Les fruits du cognassier du Japon, des coings miniature, donnent une bonne gelée ou une confiture (nommée souvent gelée ou confiture de cananga). C’est un internaute, Raymond Herr (un Alsacien du Québec) qui me l’a fait découvrir.
Voici les conseils qu’il donnait il y a quelques mois sur ma page Facebook pour réussir ce qu’il appelle « une compote » : « Les fruits, lavés, non épluchés, sont coupés en deux (coupe équatoriale) et réunis dans une marmite. Je complète avec de l’eau à hauteur des fruits et je mets à cuire jusqu’à ce que les fruits se décomposent d’eux-mêmes. Ce n’est pas très long. Je les passe au chinois puis je rajoute autant de sucre que de pulpe obtenue. Dès que le sucre est fondu, après avoir ramené en ébullition, je mets en pots.
Nul besoin d’ajouter de la pectine. L’acidité résiduelle fait merveille avec le foie gras. En confiture pour tartiner, ou en farce pour les petits sablés aux amandes…Bon appétit. A Gueter ! »
Il a joint les deux photos que vous trouvez sur cette page. Merci à lui ! Et belle réussite à vous qui réaliserez peut-être à l’automne cette gelée.