Les jacinthes pointent généralement leur minois pour la Saint-Joseph, du moins au jardin. À l’intérieur on peut les faire fleurir lorsqu’on le souhaite : il suffit de placer le bulbe dans la terre ou sur un lit de cailloux et un peu d’eau.
Elles portent donc avec justesse leur nom alsacien Josefsblüem, ce qui signifie la fleur de Joseph, dont la fête est célébrée le 19 mars, am Seppelesdaa. Voici deux dictons qui concernent la Saint-Joseph :
E schöener Josefsdaa
bringt a güets Johr
A Saint-Joseph beau temps
L’année le sera également.
Josefsdaa klar
Gibt e güets Honijohr
Saint-Joseph clair
Bonne année pour le miel.
Si vous n’avez pas de jacinthe sous les yeux, sur le rebord de fenêtre ou dans le jardin, essayez d’imaginer le parfum fruité, enivrant, de cette fleur aux épis floraux fournis et bien formés, avec ses couleurs qui sont parfois vives, parfois pastels et surannées.
J’ai souvenir qu’à l’école du village de Haegen, Mademoiselle Jérôme, la maîtresse, posait le bulbe de la jacinthe, genre d’oignon sec recouvert de pelures, sur un tapis de cailloux et de coton imprégné d’eau.
Dans le chaud de la salle de classe, le bulbe – d’apparence inerte- allait vite révéler qu’il était rempli de vie.
C’était bonheur de voir des feuilles, petites langues vertes, s’extraire du bulbe, suivies des fleurs dont on ne savait si elles seraient roses, rouges ou blanches. Lorsque la fleur naissait, elle diffusait dans la salle de classe sont parfum entêtant, si capiteux que l’on avait envie d’approcher sans cesse les narines vers ces grappes régulières et dressées. La texture, comme la couleur, apparaissent parfois si irréelles qu’on les croit artificielles.
Je pense à la jacinthe bleue de Maman qui chaque année revient au jardin, comme un signe par delà le temps et la distance, qui envoie son onde bienfaisante tant d’années après sa mort, qui me rappelle aussi l’association heureuse que faisait Maman en son jardin entre jacinthes, narcisses, jonquilles et tulipes.