Les jours qui passent ne font que le confirmer : l’intégration forcée de l’Alsace dans le magma indigeste du « Grand Est » montre ses effets pervers.
Ainsi, la localisation géographique de Kaysersberg lors de sa consécration comme « village préféré des Français 2017 » est une concrétisation de plus de l’insupportable mise au pas et de la désespérance qu’elle instille en nos coeurs.
Dans cette mise en lumière d’un village au plan national, il fut tout simplement effacé que Kaysersberg se trouvait en Alsace. Télés, radios, et presse écrite s’en sont donné à coeur joie pour situer Kaysersberg dans le « Grand Est », sans préciser ce qui est évident, imagé, valorisant pour chacun : que ce village est en Alsace.
La Corse reste la Corse, la Bretagne a toujours droit à l’appellation Bretagne mais l’Alsace n’est plus l’Alsace puisqu’elle fait partie du Grand Est, alors qu’elle a réclamé à corps et à cris de rester elle-même.
Prendre son nom à une personne ou à une entité, c’est la réduire à rien, c’est lui ôter ce qui est son habit, son armature et sa fierté. L’Alsace, région si typée, si malmenée par son histoire, à la langue si belle et à la culture si riche, région piétinée par des décennies de centralisation et de jacobinisme, ne méritait pas que la République exerce cette mise au pas.
La réforme territoriale avait pour but de rationaliser et d’économiser. Cette réforme est d’ores et déjà annoncée comme une gabegie. Quant à la rationalisation, je demande à rencontrer le fonctionnaire qui au quotidien ne s’arrache pas les cheveux à oeuvrer sur un territoire grand comme la Belgique.
La Belgique, non ficelée par un esprit centralisateur, a eu l’intelligence de créer des provinces pour morceler son territoire, la Suisse est fière de ses cantons, si petits soient-ils (celui de Schaffhouse ne représente qu’1 % de son territoire), l’Allemagne avec ses Länder et l’Autriche nous renvoient les bienfaits d’un état fédéré. Et nous devrions assister, bras ballants, à cet énorme gâchis d’énergie et d’espérance ?
Le redécoupage des régions a créé une profonde fêlure chez la majorité des Alsaciens. Dire que « il n’y a pas de peuple d’Alsace » et « que l’Alsace n’existe plus » ne devrait pas être permis dans la bouche de dirigeants.
Je n’imaginais pas que la France, qui se targue d’être le pays des « Droits de l’Homme », puisse procéder d’une façon aussi peu respectueuse.
Il faut garder espoir et retenir que ce qu’une loi peut faire, une autre peut le défaire.