Ìm Camille Claus siner Galerüeweküeche
Avec Ina.fr, regardez l’émission Zuckersiess consacrée à Camille Claus et au gpâtrau aux carottes diffusée sur France 3 Alsace le 17 septembre 1994
Camille Claus était un ami. J’ai gardé précieusement les belles lettres qu’il m’envoyait jusqu’à son décès le 2 juillet 2005 à l’âge de 85 ans.
Dans sa maison de Koenigshoffen, le peintre, graveur, écrivain et poète maniait chaque jour pinceaux et stylo, maîtrisant très sereinement une vie intérieure foisonnante. Je n’attends rien, je n’espère rien. Je goûte pleinement ce qui arrive et ce qui disparaît, disait-il. Avec sa silhouette émaciée, son allure de moine zen, il portait sur les autres son regard lucide et toujours empreint de douceur. Il savait les comprendre parce qu’il les acceptait tels qu’ils étaient, et aussi parce qu’il essayait de se comprendre lui-même, sans complaisance, par une remise en question perpétuelle, loin de tout dogme. Il observait le monde, semblait l’ingérer pour le retraduire à sa manière, parfois émerveillée, parfois douloureuse, jamais insignifiante.
Né d’une maman de Soufflenheim, potière, et d’un papa de Guebwiller, boucher, il fut un adolescent romantique et révolté, assoiffé de vérité . J’ai toujours laissé jouer la sincérité, même si elle m’a joué des tours, me disait-il.
Expulsé de l’Ecole des Arts Décoratifs (l’actuelle HEAR) par les Nazis à 22 ans, Camille Claus est déporté, en tant que « peintre décadent » au camp de Schirmeck, puis incorporé de force dans la Wehrmacht pour le front russe, arrêté et interné au camp 188 de Tambov en Union soviétique. Sur cette douleur expérience, il inspira son ami Alfred Kern pour “Le bonheur fragile”, un livre qui obtint le prix Renaudot en 1960. Et il n’aura de cesse de peindre. La peinture lui apparaissait comme une nécessité et l’inspiration lui venait par une alchimie mystérieuse qui le surprenait toujours et encore comme un enfant ravi.
Parallèlement, il enseignera pendant 25 ans à l’Ecole des Arts Décoratifs.
Ses tableaux parlent souvent d’amour car Camille Claus aimait la vie, les êtres et les choses. Sa peinture était à son image : aérienne, lumineuse et stylée. Sa manière épurée de peindre transparaissait aussi bien dans sa façon d’être que dans ses habitudes alimentaires, très sobres. Les privations imposées à Tambov avaient fragilisé son estomac. Il avait une prédilection pour les légumes simplement cuits à l’eau, les carottes surtout. Enfant, lorsque j’étais trop fougueux, ma grand-mère me conseillait d’en manger beaucoup pour que je m’assagisse, disait-il.
Christophe Meyer, le maître-pâtissier strasbourgeois de la Pâtisserie strasbourgeoise Christian, qui fut durant deux ans un merveilleux complice dans la série télévisée Zuckersiess diffusée sur France 3 Alsace lui a démontré que ce légume pouvait devenir la base d’un gâteau. L’artiste fut amusé par ce détournement astucieux. C’est comme dans la vie, disait Camille, rien n’est acquis, rien n’est définitif, tout reste possible. L’enchantement comme le désenchantement.
pour 2 moules à cake de taille moyenne ou pour un grand moule
- 5 oeufs
- 200 à 250 g de sucre semoule
- 30 g de fécule
- le jus et le zeste râpé d’une orange ou d’un citron (ou des deux)
- 250 g d’amandes moulues
- 1 dl de rhum ou de kirsch
- 10 g de cannelle en poudre
- 250 g de carottes râpées et égouttées
Séparez les blancs des jaunes d’oeufs.
Travaillez les jaunes au fouet avec le sucre jusqu’à l’obtention d’un mélange mousseux.
Ajoutez la fécule ainsi que le zeste et le jus d’une orange ou d’un citron (ou des deux).
Versez les amandes en pluie.
Parfumez au rhum et à la cannelle.
Ajoutez les carottes finement râpées et légèrement pressées (pour les égoutter).
Battez les blancs d’oeuf en neige et incorporez-les délicatement à cette masse.
Versez la pâte dans les moules à cake bien beurrés et faites cuire à four moyen (160°-180° – thermostat 5-6) pendant 50 à 60 minutes.
Démoulez et dégustez le lendemain ou le surlendemain.
Il est en effet préférable de le déguster 1 ou 2 jours après sa confection : ainsi il aura plus d’assise et vous pourrez plus aisément couper de belles tranches.
Ce gâteau, appelé Galerüeweküeche ou Vogesekueche (gâteau des Vosges) se conserve aisément pendant une semaine au frais.