Comment passer à côté d’une telle beauté sans s’y arrêter un instant et sans en être bouleversé ?
La fleur de pêcher est une perfection. Elle est épure, douceur et harmonie.
Les fleurs perdront bientôt leurs pétales pour se transformer en fruits parfumés.
J’espère que la récolte sera abondante.
Je m’imagine déjà ramasser les pêches blanches que le vent aura fait choir dans l’herbe.
Ma paume se délectera de la douceur de leur peau.
Déjà je me vois en éplucher une grande quantité, puis les faire cuire au sirop.
J’imagine si bien le pêcher de mon enfance, ses branches alourdies, qu’il me semble que ma mémoire a retenu chaque millimètre de son tronc.
Je me souviens qu’en 1973, lorsque, étudiante en journalisme, j’étais en stage à RTL, Maman m’a écrit qu’elle espérait qu’à Paris la vie «n’était pas trop dure».
Elle regrettait que je ne puisse goûter les délicieuses pêches qu’elle distribuait à profusion. «Encore quinze jours et tu seras de retour», écrivait-elle.
En lisant alors ses mots, j’aurais voulu, toute affaire cessante, me rendre en Alsace pour retrouver, illico presto, le parfum et la saveur de la pêche blanche.
Et palper sa peau « de pêche ».