La Fête-Dieu de Geispolsheim : comme autrefois

Fête-Dieu se nomme Liewerherrgottsdaa en alsacien. Elle est fêtée 60 jours après Pâques et tombe toujours sur un jeudi, en  juin. Ce jeudi correspond au jour férié accordé pour cette fête en Allemagne, qui y est nommée Fronleichnam. En Alsace, le Liewehergottsdaa est fêté le dimanche qui suit. En 2022, elle tombe le

Je me souviens combien, dans mon enfance, mon village s’enrubannait ce jour-là de fleurs et de guirlandes. Des autels provisoires étaient installés en divers endroits et les coups de marteau résonnaient la veille jusque dans la nuit. Nous nous rendions dans les prés pour faire des bouquets de scabieuse, centaurée, cardamine, rhinante-crêtes de coq et autres fleurs des champs pour obtenir beaucoup de bouquets à répartir aux points de halte de la procession.

Maman cueillait des pivoines, du seringat, des roses et des éphémères de Virginie qu’elle mélangeait dans des vases en pâte de verre bleue disposée sur les rebords de fenêtres. Elle y ajoutait un effet vaporeux avec du Spàrigelkrüt, buisson vaporeux né d’une asperge que l’on n’a pas cueillie et qui monte en hauteur en buissonnant, comme une masse vaporeuse pointillée de baies vertes qui deviennent ensuite rouges.

J’ai retrouvé la même ambiance, la même émotion à Geispolsheim, qui continue chaque année à faire la procession traditionnelle. Une commune haut-rhinoise, Burnhaupt-le-Haut, fait de même. A Geispolsheim, les habitants m’ont confié que la foule n’est plus aussi dense, que les fidèles ne venaient plus par bus entiers comme c’était le cas il y quelques années encore.

Tous espèrent que cette fête qui solidarise tout un village se maintienne longtemps encore.

Voici les photos que j’ai rapportées de la Fête-Dieu 2017 à Geispolsheim.

Des guirlandes, des arbrisseaux coupés et adossés aux maisons, les drapeaux en berne : es isch Liewerherrgottsdaa in Geispitze.

Les rues sont jonchées d’iris sauvages coupés dans les fossés humides.Ils sont mêlés de pétales de roses et parfois de petits rameaux de buis.

Les iris sauvages servent ici de soleil à poser en éventail autour de la statue du Christ, avec un saupoudrage de pétales de roses.

Des drapeaux jaunes et blancs, aux couleurs de l’église catholique, sont piqués dans un plant d’hostas entouré d’une couronne de pétales de roses. Fougères, roses rouges et vipérines bleues complètent le décor.

C’est l’occasion de sortir les petites tables à fleurs. Celle-ci est garnie d’un asparagus, entouré d’un tapis de thuyas coupés mêlés de pétales de roses.

Les enfants comme les adultes laissent aller leur imagination. Ce décor réalisé par une adolescente superpose des fougères sur les iris sauvages avec, au centre, des roses et des marguerites.

Les drapeaux aux couleurs de la France se mêlent à ceux aux couleurs de l’église.

Un arrangement éphémère fait de pétales de roses avec des fleurs de pissenlit. Le cercle est ceint d’un ruban de terreau, bordé de fougères et de vipérines. Les arrangements sont faits le matin même pour tenir jusqu’à la fin de la procession.

Le dais et les drapeaux de l’église sont portés à travers le village en une procession qui dure une heure.

A la fin de la cérémonie, le dais est rangé jusqu’à la prochaine procession. Les quatre autels-reposoirs nécessitent chacun 3 heures pour être montés. A midi pile les deux premiers autels sont déjà démontés et rangés. Le 4e près de l’église, qui représente la dernière station, est rangé à 14 h par des bénévoles du village de Geispolsheim.
Photos © Simone Morgenthaler
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