Ehni dans Zuckersiess sur France 3 Alsace

        

René-Nicolas Ehni dans l’émission Zuckersiess diffusée sur France 3 Alsace en janvier 1995 © INA

René-Nicolas Ehni est mort le 18 juin 2022 à l’âge de 88 ans.

Je l’ai rencontré lorsqu’il débarqua à la radio, place de Bordeaux, à Strasbourg en 1981. Avec cette figure explosive du Saint-Germain-des-Prés des années 70, c’est un vent de folie et une incroyable joyeuseté qui tourbillonnèrent à la Maison de la Radio. J’avais alors seulement lu deux livres de cet auteur de nombreux romans et de pièces de théâtre : « L’amie rose » et « La raison lunatique », co-écrit avec son ami Louis Schittly. Ces deux pourfendeurs sundgauviens, salvateurs empêcheurs de tourner en rond, qui militaient notamment contre le canal à grand gabarit et contre Monseigneur Elchinger, furent les invités de Bernard Pivot pour l’émission Apostrophes. Ils mirent un joyeux souk sur le plateau.

L’énergie joyeuse que charriait René-Nicolas Ehni à la radio en 1981 était une manne pour nous. Il avait une chronique quotidienne diffusée du lundi au vendredi sur Alsace-Matin, la radio régionale qui se trouvait encore place de Bordeaux, avec la télévision, et qui n’avait pas encore été intégrée au groupe Radio France.  Il avait intitulé sa chronique « Le socialisme rend fou ». En elle, il plaçait tout ce qui lui tenait à coeur et qu’il mêlait parfois dans un délire caustique, amusant, pourfendeur en diable : réflexions sur la vie, la littérature, le Sundgau, sur la Vierge Marie, d’Maddergottes, souvent présente dans ses chroniques. Il était alors déjà investi d’une foi profonde et faisait le signe de croix à chaque crucifix, à chaque calvaire croisé. Ses chroniques provoquaient des remous : ce ton libertaire, très cru, n’était pas courant à la radio. « Y a longtemps que je serais viré si le directeur (Jean-Jacques Célerier) n’était le mari de ma cousine », disait-il.  

René-Nicolas est parti en Crète peu de temps après, après la mort de sa mère, avec Myriam qui lui donna deux beaux enfants : Catherine et Iannis.  Je ne le voyais que rarement lorsqu’il repassait par l’Alsace. Lorsqu’il m’apercevait, il m’accueillait toujours avec la même phrase : « Ja salü Maïdel, wie geht’s dir ? » (Mais salut fillette, comment vas-tu ?).

Il passa par l’Alsace en novembre 1994 lorsque parut son livre « Vert-de-gris » à La Nuée Bleue et il fut mon invité pour l’émission Zuckersiess diffusée en janvier 1995. Il choisit un biscuit au moka, un gâteau de communion (« e Vorgehküecha« ) qui lui laissait des souvenirs intenses. L’émission permit de feuilleter son album photos et d’y découvrir des facettes inattendues : lui étudiant en art dramatique, puis embarqué dans la guerre d’Algérie, devenu au retour assistant de cinéma avant qu’il éclate avec la pièce « L’amie Rose » qui étalera son visage de jeune premier, (à la Francis Huster, mais en plus beau, disait-il en riant de lui), dans les magazines. 

Vous verrez après des photos extraites de l’émission de janvier 1995.

Pour visionner l’émission sur INA.fr, cliquez sur ce lien

La maman de René-Nicolas Ehni. Après sa mort, il s’installa en Crète. © INA

René-Nicolas Ehni, avant-dernier à droite, très stylé, posant comme communiant dans le verger derrière la maison d’Eschentzwiller. J’étais déjà « high-tech« , m’a t’il dit dans l’émission.
René-Nicola Ehni, communiant, entouré de sa maman (à droite), de sa marraine et de sa cousine Germaine © INA
René-Nicolas Ehni, chapeauté et sans barbe, en photo sur son livre Pintades.
René-Nicolas Ehni fut aussi comédien, issu de l’école de la rue Blanche. Dans l’émission « Zuckersiess » sur France 3 Alsace, il m’a dit : « Ma photo était dans le magazine Elle. Je suis sans doute le seul alsacien à avoir posé dans Elle. À Paris il faut 3 fois plus d’argent qu’en province. Je gagnais bien ma vie, bien plus que ma maman dans l’administration, en étant figurant à la Comédie Française et en posant pour des romans-photos ».
René-Nicolas Ehni adolescent : Je faisais sans cesse des fugues.
Lors de l’émission Zuckersiess sur France 3 Alsace en janvier 1995 avec le maître-pâtissier Christophe Meyer qui lui réalisa un biscuit de communion.

René-Nicolas Ehni, se regardant en photo dans l’émission Zuckersiess, a dit : J’étais soldat en Algérie, et là, je défile pour le Général de Gaulle. Mon air martial me fait marrer. J’étais très sportif durant le service militaire. J’ai fait du foot, de l’équitation et de la marche.
Myriam-Marie Ehni, l’épouse de René-Nicolas, photographiée en Grèce lors du tournage de l’émission de José Meidinger « Des Alsaciens très orthodoxes » (Série L’Alsace dans le monde) diffusée sur France 3 Alsace en 1993.
Dans l’émission « Zuckersiess » (diffusion France 3 Alsace 1995), René-Nicolas Ehni regarde attendri la photo de sa femme Myriam-Marie et et de leur fille Catherine

René-Nicolas Ehni avec son fils Iannis (pour l’émission « Des Alsaciens très orthodoxes » dans la série « L’Alsace dans le monde » de José Meidinger (diffusion sur France 3 Alsace 03/04/1994)

Photos extraites de l’émission Sür un siess diffusée sur France 3 Alsace en janvier 1995 (réalisation Michel Broggi)

Merci à Ina.fr

Certains des souvenirs narrés ici sont évoqués dans mon livre « Ces années-là, mes souvenirs radio-télé « (La Nuée Bleue)

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