L’hiver peut arriver : les oignons sont à l’abri, noués en bottillons.
E Zìwwel ìsch nìt ìwwel : un oignon c’est bonnard, dit-on en alsacien.
C’est sensation agréable de mener un oignon à terme :
le mettre en terre au printemps lorsqu’il est minuscule,
le sarcler,
le libérer des mauvaises herbes,
prendre soin de lui jusqu’à la récolte en septembre,
le coucher alors à l’air libre dans un espace aéré pour qu’il sèche,
en retirer la première couche de peau généralement pointillée de terre pour voir apparaitre la deuxième couche, brillante et ambrée,
mettre ensuite l’oignon en cave pour le protéger du froid car le gel est son ennemi.
S’en servir en hiver,
l’éplucher,
le couper en rondelles,
le hacher, essuyer de temps en temps les sécrétions lacrymales qu’il déclenche sur nos joues,
se placer fenêtres ouvertes, à l’air vif pour apaiser les yeux.
Savourer l’oignon, qu’il soit cru ou cuit, caramélisé ou blondi.
Le cycle de l’oignon est à l’image du cycle de la vie.
Il faudrait pouvoir, comme lui, jusqu’à la fin, procurer de la joie.
C’est ce vers quoi j’aimerais tendre.