Enfants, nous aimions cueillir ces petites boules nommées akènes pour en faire des sculptures primitives : balles, bols et autres objets. Nous les collions aussi en rangées sur les habits.
Les garçons s’amusaient à les jeter contre les cheveux des filles, ce qui nous rendaient furieuses, car c’est un cauchemar de les en extraire.
Il n’existe rien qui enchevêtre plus les cheveux que cette minuscule balle hérissée. Les cheveux s’imbriquent autour d’elle et composent des nœuds -que Maman désignait par le terme Zwiefelstricke (les tricots du désespoir)-. Il faut en général recourir aux…ciseaux pour trouver une issue.
Dans la nature, les akènes de la bardane tombent au sol lorsqu’ils sont mûrs et, comme ceux de l’aigremoine, sont souvent rapportés dans les maisons par les animaux à poils longs.
A partir de juillet, la bardane est courtisée par les abeilles. Ses fleurs, des capitules mauves parfois violets, très mellifères, jaillissent de boules hérissées.
Bardane est le nom le plus usité de cette plante que l’on l’appelle aussi glouteron, herbe aux teigneux, gratteron, oreille de géant (en raison de ses grandes feuilles)
Son nom alsacien est Klatt ou Klett. En allemand on la désigne par Klette.
Elle pousse au bord des chemins, dans les forêts, les décombres et les friches.
La bardane appartient à la même famille que l’artichaut dont ses tiges ont la texture et le goût, avec une pointe d’amertume à laquelle on s’accommode aisément. Elle est considérée comme une mauvaise herbe envahissante,
Ses très jeunes feuilles se mangent crues. Elles deviennent amères en se développant. Ses jeunes pousses sont consommées en avril-mai, ses tiges de mars à novembre tige et ses racines d’août à novembre
Ses jeunes pousses se conservent crues dans le vinaigre ou, cuites à l’eau, se préparent comme les asperges. Ses tiges peuvent être blanchies. Ses racines, noires à l’extérieur et beiges à l’intérieur, ont une saveur exquise de champignon. Elles doivent être épluchées avant d’être cuites, à la manière des salsifis, ou en gratin ou simplement revenues au beurre. Consommez-les avant fin novembre car ensuite elles deviennent fibreuses.
Les Japonais cultivent la grande bardane sous le nom de « gobo » pour ses racines, ses jeunes pousses ainsi que ses tiges. Ils conservent les racines dans la sauce soja pour accompagner crudités et légumes.La racine de la grande bardane peut atteindre 50 centimètres. Elle est très consommée au Japon où elle est préparée comme les carottes ou le panais. Comme la racine noircit aux endroits où elle est coupée, il est conseillé de la poser dans l’eau froide additionnée de quelques gouttes de vinaigre. La racine peut aussi être séchée et ensuite, réduite en poudre, être ajoutée à la soupe. Cette racine séchée, peut aussi, comme celle du pissenlit, donner un succédané de café.
Bon à savoir : la bardane symbolise dans le langage des fleurs l’attachement excessif et s’offre aux personnes qui s’incrustent trop.
Des précisions sur la bardane et d’autres plantes sauvages, ainsi que des recettes liées à ces plantes figurent dans le livre que j’ai co-écrit avec le chef du Rosenmeer, Hubert Maetz, La cuisine naturelle des plantes d’Alsace (La Nuée Bleue)